3ème Séminaire International de Réflexion et d’Analyse «Planète Terre: Mouvements Antisystémiques»

Francisca Cabral

Yepan

 

A l’Université de la Terre (UNITIERRA), on assiste à l’arrivée d’un mouvement citoyen massif pour les célébrations du nouvel an durant cette froide matinée du 30 décembre à San Cristobal de Las Casas, Chiapas (Mexique). Des délégations de la forêt Lacandone, des invités étrangers, sympathisants et groupes d’appuis zapatistes de tout le Mexique et du monde ont commencé à arriver tôt ce matin pour participer aux Rencontres de Réflexion et d’Analyse «Planète Terre: Mouvements Antisystémiques» qui recevra, pour sa troisième édition, une délégation mapuche originaire de la « Communauté de l’histoire mapuche» et qui vient d’éditer un livre autogéré «Histoire, colonialisme et résistance. La vision du peuple mapuche».

 

Cette rencontre a débuté avec l’intervention de trois jeunes originaires du Chiapas et la lecture en tzotzil, tzeltal et espagnol du message diffusé suite à la marche silencieuse de l’EZLN du 21 décembre 2012. Réunissant plus de 350 personnes provenant du Mexique, d’Argentine, du Chili, de Colombie, d’Équateur, des membres de divers peuples de l’Abya Yala, ainsi que d’Italie, de France, du Canada, d’Espagne, la rencontre a commencé avec la présentation des référents locaux qui ont eu à charge de développer les thématiques liées à la réalité des indigènes mexicains et du sud du Mexique principalement inspirés des propositions de non-hégémonie, d’alternatives au capitalisme et de la situation des mouvements sociaux et indigènes.

 

La première session a été ouverte par Mercedes Olivera, docteur en anthropologie de l’Université National Autonome du Mexique (UNAM) et qui fait partie du système National de Recherches, niveau II, activiste de mouvements indigènes et de femmes. Elle a longuement parlé de la marche silencieuse réalisée le 21 décembre par les membres de l’Armée Zapatiste de Libération National (EZLN) dans 5 villes du Chiapas, celles-là mêmes qui avaient été investies le 1er janvier 1994 lors du soulèvement zapatiste, affirmant sa présence et son unité face à l’arrivée à la présidence du Mexique d’Enrique Peña Nieto et au retour aux affaires du Parti Révolutionnaire Institutionnel (PRI), parti qui a fomenté plusieurs actions de répression et de contre insurrection contre le mouvement autonome du Chiapas.

 

De son côté, la chercheuse du CIESAS Sud-Est Xochitl Leyva, a opposé la philosophie zapatiste à la façon dont a été commercialisé et médiatisé le changement de cycle maya à travers le discours de fin du monde. «La propagande capitaliste s’est saisie de cette date pour impulser le tourisme culturel, composante essentielle de la machine idéologique du multiculturalisme néolibéral. Cette perspective politico-philosophique fait l’éloge de la diversité culturelle mais invisibilise dans le même temps les inégalités sociales, les exclusions et les conflits que le capitalisme engendre».

«Face au rouleau compresseur capitaliste, Leyva souligne l’apport des luttes du peuple Mapuche au Chili et de l’EZLN au Mexique, des luttes qui dont l’objectif est la reconnaissance des identités et droits culturels, tout comme la redistribution des richesses. Ces processus politiques et culturels ouvrent une brèche et accélèrent la crise économique, politique, philosophique, culturel et épistémique du capitalisme».

 

Puis durant la seconde table de discussion, le représentant du peuple Qom d’Argentine, Felix Diaz, a parlé du processus de réduction territoriale qu’a souffert son peuple a partir des premières expulsions réalisées par l’État Argentin en 1936, 1940 et dans les années 70. Le leader du peuple Qom en Argentine (FORMOSA) a expliqué «Nous avons perdu beaucoup à cause du silence, parce que comme peuples indigènes nous croyons en la parole de l’autre» et de l’ineffectivité des lois qui obligent l’État à protéger les terres communautaires (loi 26.160).

 

Le séminaire ce déroule du 30 décembre 2012 au 2 janvier 2013, durant l’anniversaire du soulèvement zapatiste du 1er janvier 1994, réalisé lors de l’entrée en vigueur du traité de libre échange avec les États-Unis. Le 31 janvier est prévu la participation du collectif «Communauté de l’Histoire Mapuche».